Sur la tombe de ma mère est le premier roman de Jean Gab’1 publié aux éditions Don Quichotte. À 46 ans, le rappeur franco-camerounais se lance brillamment dans l’aventure littéraire.
Avec cette autofiction, Jean Gab’1 montre une fois de plus ses talents d’écriture. Sans fioriture, l’écrivain en herbe délivre son histoire avec une force narrative insoupçonnée. Ce mélange d’argot et de discours plus soutenu reflète la langue vernaculaire qui s’est emparée des banlieues françaises dans les années 80 et 90. Son style est loin d’être conventionnel, mais il plaît parce qu’il est authentique.
« Essayez de suivre votre rêve sans écouter ceux qui veulent vous décourager» Jean Gab’1
Le contenu est d’une très grande intensité. Le lecteur suit les mésaventures du narrateur. De villes en villes, d’un pays à l’autre, Charles se cherche et ne se trouve pas. Après la perte tragique de sa mère, le jeune homme est ballotté d’un foyer à un autre. L’enfant de la Ddass perd rapidement pied dans un système qui ne lui laissera aucune chance de réussite.
« La mort de ma mère m’a fait réaliser très tôt que notre vie, c’est que dalle. Je donnerais les années qu’il me reste à vivre pour parler une heure avec ma mère. Ensuite, je pourrai claquer en paix. »
Bien que l’éditeur fasse mention de ce texte comme étant un roman, les admirateurs de la première heure ne sont pas dupes. Ils reconnaissent aisément les faits vécus relatés tout au long de ces 314 pages.
D’ailleurs, ce n’est pas la première fois que le rappeur se livre de la sorte. Son album autobiographique Ma vie (2003) revient sur les faits marquants de sa vie : l’assassinat de sa mère, son passage à la Ddass, ou encore ses années de prison en Allemagne, tout y passe.
Après des années de galère et de désillusion, Charles veut se construire, oui, mais comment? Ses capacités linguistiques (il apprend l’allemand seul), sa passion pour la philosophie et ses facilités d’écriture sont autant de dons que l’artiste tente d’exploiter tout au long de son parcours. Ce sera finalement l’écriture qui lui apportera cette paix intérieure.
« En 1997, j’avais commencé à gratter le papier, je voulais raconter mon histoire, sachant trop bien qu’elle pouvait s’arrêter brutalement, sans attendre Alzheimer. »
Avec ce roman, Jean Gab’1 revient sur le devant de la scène. Il prouve une nouvelle fois qu’il est seul maître de son destin. En débarquant dans l’univers littéraire, le rappeur sort des carcans que la société aura tenté de serrer autour de son cou.
Sur la tombe de ma mère, éditions Don Quichotte, 2013, 314 pages.