Triste concordance de calendrier, le biopic de Mandela Mandela, long walk to freedom, est sorti sur les écrans une dizaine de jours après son décès. Impossible de savoir ce que le grand homme en aurait pensé, mais on peut supposer que cette bruyante tentative de glorification aurait agacé celui qui refusait son statut d’icône.
La beauté léchée des premières images immerge le spectateur dans une Afrique du Sud au décor presque irréel.
Le doré de l’herbe souligne avec éclat le bleu du ciel, et les rires des enfants qui gambadent non loin des jupes de leurs magnifiques et souriantes mères résonnent avec ferveur.
Cette illustration esthétisante du bonheur enfantin de Nelson Mandela inondera chacun des plans du film, faisant de l’Afrique du Sud de l’Apartheid un pays toujours impeccable visuellement et dans lequel les habitants des townships restent élégants jusque dans le plus grand désespoir.
Au milieu de cet écrin, il y a le leader, l’icône Nelson Mandela. L’acteur anglais Idriss Elba campe un Madiba massif, imposant et dont le charisme fait chavirer toutes les femmes qui croisent sa route.
Le visage de Nelson Mandela, sa démarche, sa ferveur quand il milite inondent l’écran. Cette omniprésence éclipse les personnages secondaires, seule Winnie (Naomie Harris) -la compagne iconoclaste- a voix au chapitre.
Si l’acteur incarne un leader inspiré et convaincant, on peut reprocher à ce biopic de trop se concentrer sur les épisodes marquants de sa vie pour délaisser le sujet de son combat : l’Apartheid.
La structure du film de Justin Chadwick, construite comme un enchaînement de différents tableaux ne laisse que peu de place à la réflexion et l’analyse du système contre lequel se battait Mandela.
C’est dommage, car si le grand homme est connu du grand public, l’histoire de l’Apartheid l’est beaucoup moins. On aurait donc pu attendre d’un film sud-africain à gros budget comme celui-ci qu’il profite de sa grande distribution pour jouer un rôle pédagogique et analyser la complexité terrifiante de ce système que certaines grandes puissances occidentales n’ont pas hésité à soutenir.
Ajout :
En plus de remporter le prix de la meilleure chanson originale aux Golden Globes, la chanson du film, Ordinary Love a été nommé aux Oscars.
En marge de la sortie du film de Justin Chadwick, une nouvelle édition du livre a été remise en vente avec une nouvelle couverture. Au Québec, c’est Hachette qui distribue l’ouvrage de 767 pages, publié chez Fayard et traduit par Jean Guiloineau.
« J’ai parcouru ce long chemin vers la liberté. J’ai essayé de ne pas hésiter; j’ai fait beaucoup de faux pas. Mais j’ai découvert ce secret : après avoir gravi une haute colline, tout ce qu’on découvre, c’est qu’il reste beaucoup d’autres collines à gravir. Je me suis arrêté un instant pour me reposer, pour contempler l’admirable paysage qui m’entoure, pour regarder derrière moi la longue route que j’ai parcourue. Mais je ne peux me reposer qu’un instant; avec la liberté viennent les responsabilités, et je n’ose m’attarder car je ne suis pas arrivé au terme de mon long chemin ».