Pour survivre alors que la pauvreté s’est accentuée ces dernières années, les Burundais sont prêts à tout, y compris à braver la loi. Selon eux, ils ne font que copier les mauvais exemples de certaines autorités.
« Je suis morte, je n’ai rien vers quoi me tourner, la pauvreté me secoue sérieusement », se plaint une femme d’une quarantaine d’années, récemment arrêtée par la police en train de vendre de la bière prohibée (ikibarube) à Ngozi, au nord du Burundi. En janvier, une autorité de la commune a du être hospitalisée après avoir été frappée par la population de la zone Mubugaalors qu’elle allait renverser cette même bière. Les vendeurs arguent qu’avec la pauvreté, il faut les laisser faire car les autorités eux aussi « broutent là où ils sont ».
Un peu partout les gens font fi des règlementations, estimant qu’ils ne font rien de plus que les autorités qui se croient tout permis. Sur une colline de la province de Muyinga, une famille surprise en train de creuser à la recherche d’or dans sa propriété, a estimé très injuste d’être arrêtée car les hommes forts du pays qui font de même restent intouchables.
Depuis plus de deux ans, es conducteurs de motos taxis résistent et se battent avec les policiers pour ne pas payer les frais des pièces exigées pour être dans la légalité. Dans la ville de Ngozi, depuis peu, de jeunes garçons vendent en circulant clandestinementde la fausse monnaie burundaise : ils échangent 5000 vrais Fbu contre un faux billet de 10000Fbu.
Ces dernières années, en effet, la pauvreté secoue le pays : les gens n’ont pas de quoi manger, le chômage ne fait que s’accentuer, la monnaie burundaise de perdre de la valeur alors que les salaires stagnent. Pour pallier ces difficultés,les gens tentent de gagner leur vie par tous les moyens, peu importe la loi.
Mauvais exemples
Ils disent agir comme les dirigeants qui agissent illégalement en toute impunité. Ils contestent aussi le favoritisme envers les membres du parti au pouvoir. Par exemple, au marché de Ngozi, ceux qui en font partie ne payent pas d’impôts. D’autres encore du même camp ont eu des commerces sans s’acquitter des loyers qui devaient être versés à la caisse de la commune.
À titre d’exemple, ils citent les problèmes constatés dans le secteur des minerais, et dénoncés par l’OLUCOME (Organisation de lutte contre la corruption et les malversations économiques) qui montre du doigt dehauts cadres de la présidence de la République, et le ministre de l’Energie et des mines.
« Nous n’avons jamais appris qu’au moins un de ces acteursait été poursuivi. Mais nous, la moindre la moindre action pour nous trouver du pain, on nous prend pour de véritables ennemis publics », se plaint un conducteur de moto taxi de Ngozi à un policier qui vient de l’arrêter.
Par Eric Nshemezimana