L’écrivain camerounais Max Lobé estime que la francophonie doit véritablement s’ouvrir à toutes les nuances de la langue française, de Montréal à Douala, en passant par la Suisse ou la Bretagne.
Rencontré l’automne dernier lors de son passage au Salon du livre de Montréal, l’auteur qui réside en Suisse a déploré le mépris envers les autres nuances de la langue française et milite pour une meilleure représentation.
«Il est plus que jamais temps de se dire que la francophonie n’est pas française, encore moins parisienne», a-t-il indiqué, quelques heures après son arrivée en sol québécois.
«Je suis de langue maternelle française, mais ce n’est pas le français de Paris. C’est le français du Cameroun. Il faudra faire avec. Qu’on le veuille ou pas.»
Né à Douala en 1986, Max Lobe est arrivé en Suisse à l’âge de 18 ans où il a suivi des études en communication ainsi qu’en administration publique. Il est l’auteur de 39 Rue de Berne aux éditions Zoé, récipiendaire du Prix du Roman des Romands (correspondant suisse du Goncourt des lycéens).
Selon lui, le discours de la francophonie linguistique – et non politique – doit être plus rassembleur. «On apporte notre coloration, notre culture à nous, note-t-il. On l’a vivifie. Ça, pour moi, j’y tiens fortement. »
À Montréal, il est venu pour la promotion de son roman La trinité bantoue (toujours Chez Zoé) dans lequel il assume et revendique plus que jamais son français camerounais. «On va faire comment ?» lâche d’ailleurs celui qui a grandi dans une famille de sept enfants.
Pas besoin de lexique dans ses textes, explique-t-il, et ce, grâce à un laborieux travail linguistique qui fait que les lecteurs finissent toujours par deviner le sens de tous les termes qu’il utilise, comme par exemple gombo (argent). «En Suisse, les lecteurs comprennent tout», mentionne-t-il.
«Je vis dans un pays francophone qui est la Suisse et qui ne parle pas le français de la France». dit-il.
«Dans mon écriture, je suis un fou de la cohérence et de la vraisemblance», souligne-t-il. Une bourgeoise parisienne ne peut pas parler comme une vendeuse de beignets du Cameroun, selon lui. «Ce n’est tout simplement pas possible».
« Garder espoir »
Défendeur du français et particulièrement celui d’ailleurs, Max Lobé est aussi définitivement un optimisme sans faille.
Dans ses romans, il s’inspire de la force des immigrés d’Afrique, «ces gens qui ont toujours la patate, le manioc», qui garde espoir, et ce, malgré la lourde Épée de Damoclès constamment suspendue au-dessus de leurs têtes. « Ils ont des comprimés effervescents de positivisme dans leur sac. Et ils le boivent tous les matins.»
Il avait envie de passer un message, aussi bien au gens de la dispora qu’aux autres restés sur le continent. «Même si la situation est cailloux, il faut garder espoir», estime-t-il. C’est d’ailleurs ce qu’il a fait dans La trinité bantoue, livre qui comme tous ses textes s’inspire de son vécu. « C’est ma façon d’écrire. Je pars de quelque chose qui me tient aux tripes. Et puis je construis une histoire. »