Publiée chez Futuropolis, la bande dessinée Confidences à Allah est une adaptation du roman de Saphia Azzeddine, sorti chez Leo Scheer, en 2008.
C’est l’histoire d’une fille de 16 ans, née à Tafafilt et qui s’appelle Jbara. Elle n’a pas eu la chance de grandir dans une ville comme Montréal ou même dans une de ces grandes villes du royaume chérifien. Au comme contraire, elle n’a pas été gâtée.
Pour se délecter d’un simple yaourt à la grenadine, elle offre une partie de son corps à un pauvre berger libidineux aux tendances pédophiles. C’est sur cette scène dure que les auteurs de la BD ont choisi d’ouvrir leur oeuvre, aussi coup de poing que le roman dont il est inspiré.
Jbara va devenir Shéhérazade, favorite d’un cheikh. Le yaourt va devenir des dinars et la petite naïve va se métamorphoser en prostituée. Et avec le blé qu’elle va amasser, sa famille qui l’avait chassé quand elle est devenue enceinte va faire d’elle une sainte.
En plus de décrire le triste quotidien d’une enfant qui n’est pas né dans les meilleures conditions. Pas les bons parents, ni la ville, le pays ou même le continent.
Le rêve de cette jeune femme pour une meilleure vie résonne particulièrement ici comme ailleurs, car il s’agir sans l’œuvre de dépeindre en partie la société musulmane.
Il faut souligner que le lecteur sera le témoin de la conversation entre l’héroïne et Allah. Rien de moins.
« Allah, si j’étais née dans une famille bien, dans une ville bien, avec une éducation bien, j’aurais forcément été une fille bien. Mais ce n’est pas comme ça que ça s’est passé au départ. Tu avoueras que je suis partie avec vachement plus d’emmerdes. »
Il faudra décortiquer les 88 pages de l’ouvrage et se délecter des sublimes dessins et couleur de Marie Avril et du récit d’Eddy Simon avant de pouvoir lire la dernière phrase de l’ouvrage qui résume bien le propos de Saphia Azzeddine : « Allah, tu n’es que nuances et c’est pour ça que je t’aime ».
Tout est dit.