Parker Bilal – pseudonyme utilisé par le romancier Jamal Mahjoub pour ses thrillers – a-t-il trouvé un antihéros récurrent en la personne de Makana, un de ces enquêteurs solitaires et torturés qui ont fait le succès du genre littéraire? Un an après la parution en français de sa première aventure, «Les Écailles d’or», le détective soudanais est de retour dans «Meurtres rituels à Imbaba», sombre et efficace polar.
Tombé en disgrâce dans son pays, endeuillé après la mort de sa fille et de sa femme, l’ex-officier s’est réfugié au Caire, où il vit tant bien que mal grâce à des enquêtes privées. L’une d’elles l’emmène dans une agence de voyages sur le déclin où une lettre de menace, provenant semble-t-il d’islamistes, inquiète un patron entouré d’employés eux-mêmes parfois louches.
Dans le même temps, des enfants pauvres sont tués à Imbaba, banlieue du Caire mal famée. Les chrétiens coptes sont pointés du doigt par les extrémistes musulmans. Une poudrière sur le point d’exploser et où Makana va devoir fourrer son nez du fait de l’évolution de ses recherches.
Le Caire fait figure de protagoniste principale aux côtés du policier exilé. Si l’action se situe en 2001, quelques jours avant les attentats du 11-Septembre, la capitale égyptienne décrite par Bilal est déjà traversée par les tensions interreligieuses et gangrénée par des maux (corruption, misère sociale) qui aujourd’hui encore font souvent l’actualité. Une quinzaine d’années plus tard, on s’imagine très bien croiser les mêmes Égyptiens résignés, les mêmes enfants sans avenir, le même chaos poussiéreux dans les rues.
Outre le message politico-social sous-jacent, l’auteur britannique d’origine soudanaise, qui a lui-même vécu au Caire, réussit surtout à tenir son lecteur en haleine tout au long du livre. Peut-être certains passages manquent d’originalité, mais l’efficacité est au rendez-vous. Comme le veut la tradition du polar, les rebondissements et les histoires dans l’histoire sont nombreux. Au final, qui aime les intrigues, le suspense, tout en voulant s’imprégner d’une autre culture, sera bien servi.