Il y a deux ans, l’Américain Jordan Peel créait la surprise avec Get Out, son excellent premier film qui a remporté l’Oscar du meilleur scénario original. Le comédien devenu réalisateur récidive avec Us, un deuxième long métrage percutant et sacrément réussi. Voici nos explications.
1. Le scénario est bien dosé
Le scénario original, écrit par Jordan Peele lui-même, est parfaitement dosé et équilibré. La première moitié du long métrage de presque deux heures peut sembler un peu lente, voire ennuyeuse. On craint même qu’il ne soit raté. Mais non. Peele prend son temps et pose la table de main de maître.
Une fois que l’horreur s’installe, dans la deuxième moitié du film, les temps morts sont rares. Les scènes d’action s’enchaînent à grande vitesse. Néanmoins, le mystère qui entoure les sosies maléfiques se dissipe au compte-gouttes et tient le spectateur en haleine jusqu’à la toute fin.
2. Des acteurs qui brillent
En plus du scénario et de la réalisation impeccables, l’autre grande force de Us réside dans ses acteurs. Bien évidemment, l’oscarisée Lupita Nyong’o, qui tient la tête d’affiche, livre une performance exceptionnelle dans la peau d’Adelaide Wilson. Comme tous les autres acteurs du film, l’actrice mexicano-kényane campe deux rôles aux antipodes : celui de leur personnage et celui de leur sosie maléfique. Nyong’o mérite clairement une nomination aux Oscars pour sa prestation.
De son côté, Winston Duke, qu’on a pu voir dans Black Panther dans les souliers du valeureux (et beau gosse) M’Baku, apporte quant à lui une touche comique au long métrage dans son rôle de Gabe Wilson, père de famille cool et décomplexé.
Mentions spéciales pour Shahadi Wright Joseph, qui campe le rôle de Zora, la fille adolescente d’Adelaide et de Gabe, et Elizabeth Moss (The Handmaid’s Tale) qui joue une amie de la famille Wilson. Toutes deux impressionnent dans leurs rôles respectifs de doubles maléfiques.
3. Un film d’horreur truffé de moments hilarants
En plus de Winston Duke, le long métrage de Jordan Peele regorge de moments hilarants qui font mouche. En pleine horreur, vous avez droit à des moments totalement surréalistes qui vous arracheront quelques fous rires.
Par exemple, la scène dans laquelle une version de Siri (la voix des appareils Apple), rebaptisée Ophelia pour l’occasion, décide de jouer la chanson Fuck Tha Police du groupe NWA au lieu d’appeler la police comme on le lui avait demandé, est à se rouler par terre (l’effet comique étant en totale contradiction avec la gravité de la situation). Les moments cocasses ne sont jamais forcés. Ils sont très bien intégrés dans l’intrigue. Et ce, pour notre plus grand plaisir.
4. Vous aurez envie de le revoir une seconde fois
Comme Get Out, Us est truffé de symbolismes (la duplicité, la couleur rouge…) Le spectateur doit donc porter une attention particulière aux détails qui ponctuent le long métrage. Us a également plusieurs niveaux de lecture. C’est ce qui le rend brillant et en un sens, extrêmement dérangeant. Ultimement, on peut voir Us comme une critique de la société américaine. Une société qui aurait tendance à oublier son passé (notamment génocidaire et esclavagiste).
De plus, le titre Us (« nous » en français) peut être vu comme un questionnement de l’identité nationale américaine (Us peut également faire allusion aux lettres U.S. de United States). Qui sont réellement ces « autres »? Sont-ils Américain.e.s? Sont-ils des bourreaux? Des victimes? Sans vous gâcher la fin, on peut tout simplement vous dire qu’une fois le film terminé, vous aurez sans doute envie de le visionner à nouveau. Histoire d’y voir encore plus clair.
Verdict final :
Beaucoup plus ambitieux que Get Out d’un point de vue cinématographique et budgétaire, Us est moins linéaire et plus étoffé que son prédécesseur. Même si la comparaison entre les deux longs métrages est inévitable, le petit dernier de Jordan Peele n’est pas un Get Out 2.0. Et, franchement, c’est tant mieux comme ça.
Une chose est sûre : Jordan Peele mérite amplement son titre de « nouveau maître du suspense ». Us remplit amplement son contrat. C’est un film d’horreur qui réussit à divertir et susciter de belles frayeurs à son auditoire. La critique américaine a d’ailleurs réservé un accueil dithyrambique au long métrage (au moment d’écrire ces lignes, Us cumulait 94% sur le site Rotten Tomatoes).
Notre note : 8,5 / 10
La bande-annonce du film :
L’histoire :
Un soir de 1986, la petite Adelaide Thomas visite un parc d’attraction de Santa Cruz, avec ses parents. Après avoir échappé à la surveillance de son père, elle s’égare sur la plage. Ne sachant où aller, Adelaide se réfugie dans une maison de l’horreur remplie de miroirs. C’est alors que se produit un événement aussi étrange que traumatisant pour la jeune fille : elle rencontre une petite fille qui lui ressemble en tout point : même visage, même regard, mêmes vêtements…
Des années plus tard, alors qu’elle est devenue adulte, Adelaide (Lupita Nyong’o) va se rendre sur cette même plage pour y rejoindre des amis en compagnie de son mari Gabe (Winston Duke), leur fille Zora (Shahadi Wright Joseph) et leur fils Jason (Evan Alex).
Le soir même, quatre personnes apparaissent dans la cour avant du chalet familial. Ils semblent être les sosies d’Adelaide et de sa famille. Sauf que ces doubles ont soif de vengeance et n’hésiteront pas à faire couler du sang…