Dix ans après la sortie de son premier album, Richard Bona revient avec un tout nouvel opus intitulé The Ten Shades of Blues. Malgré ce titre, l’artiste originaire du Cameroun va bien au-delà d’une simple aventure au sein de la musique blues. Il passe par tous les styles et régions du monde et concocte un produit d’une richesse culturelle sans appel.
Richard Bona est un musicien né. Il sait à peine marcher qu’il commence déjà à jouer du balafon. Encouragé par une famille où la musique est une tradition forte, il n’est pas étonnant qu’après une carrière de plusieurs décennies, qui l’a vu collaborer avec des artistes aussi prestigieux que Manu Dibango ou Salif Keita, il délivre un nouvel album plein d’audace.
Shiva mantra évoque une escale en Inde et ses saveurs parfumées de tablas, le tout ancré dans une ferme présence africaine. Le prodige camerounais arpente aussi les pistes du jazz, le fusionnant avec des touches clairement natales (Kurumalete). Il s’essaie même à un tour de country et banjo sur African Cowboy, et utilise sa langue maternelle de Douala, une petite référence à l’origine africaine de l’instrument. Seul Yara’s Blues est en fin de compte un pur exercice de style blues.
Bona s’entoure sur de nombreux titres de musiciens venus du monde entier. Apparaissent ainsi le chanteur indien Shankar Mahadevan, le flûtiste peul Bailo Baa ou encore le Hollandais Bert Van de Brink à l’orgue. Bona lui-même fait usage de tout son savoir faire, s’adonnant au clavier, à la guitare et bien sûr au chant. Ce chant qui transcende l’album de bout à bout, à la fois intense et soyeux, avec un jeu d’harmonies d’une subtilité magique.
Bref, The Ten Shades of Blues est un album qui mérite sans équivoque sa place dans toute collection digne de ce nom. Un joyaux à écouter et re-écouter sans limites.