Publié aux éditions JC Lattes, le roman Cave 72 de l’auteur, slameur, romancier et comédien congolais Fann Attiki a été lauréat du Prix Voix d’Afriques qui récompense les jeunes plumes du continent.
Natif du Congo en 1992, Fann Attiki propose un premier ouvrage fort puissant dans lequel il partage l’esprit et l’énergie de sa mère patrie.
C’est l’histoire d’une bande d’amis qui se retrouvent, dès que possible à la Cave 72, un bar du quartier PK, de Brazzaville, capitale du Congo, pour refaire le monde.
En substance, dans ce débit de boisson, ils descendent les caisses de bières, jouent au Casanova, rigolent de tout et de rien, déclament des vers, s’époumonent sur des livres tout en abordant de temps en temps les questions politiques.
Pour eux qui n’ont forcément pas de travail, c’est une façon comme une autre de tuer le temps dans un système tout sauf démocratique dans lequel l’espoir se multiplie au rythme des bouteilles vides ou des livres lus.
Les trois mousquetaires, Verdass, Ferdinand et Didi, se retrouvent toutefois dans l’oeil du cyclone lorsque des pontes du pouvoir vont élaborer un plan machiavélique faisant d’eux des opposants, pire des révolutionnaires, des terroristes qui en veulent au dirigeant de la place, renommé pour la cause le Guide providentiel !
La force de Fann Attiki est de décrire cette atmosphère si propre à ce genre de bars qui pullulent en Afrique et particulièrement dans cette partie du continent.
Il y a la figure maternelle en la personne de Maman nationale qui gère son bar et pour qui les clients sont plus des enfants que des pourvoyeurs.
Dans l’histoire, il y a aussi ces gens qui peuvent vendre leur mère pour des pacotilles, ceux qui obéissent aux ordres, mais les plus ignobles, les caciques du régime qui se mènent une guerre sans merci. Que dire aussi de ces jeunes ou moins jeunes qui vivent à 100 à l’heure, entre les avions, les filles, non sans profiter des femmes des autres ?
L’auteur essaime un univers plausible dans lequel injustice et iniquité côtoient trahison et humour, mais ou heureusement, la révolte arrive parfois à réveiller une part même minime d’humanité.
