Publié chez Dargaud, le premier épisode de la série Harlem du bédéiste Mikaël revient sur l’histoire d’une reine de Harlem, Stéphanie St. Clair, dite Queenie.
Dans les 64 pages de ce premier tome de diptyque, le Franco-canadien Mikaël qui oeuvre dans le milieu de la bande dessinée depuis 2001 dissèque l’esprit et les convictions de Queenie, une femme forte qui doit se battre contre tous dans le New York de l’entre-deux-guerres.
L’histoire se déroule en 1931, au coeur de la Grande Dépression (et de la prohibition…) Citoyens, policiers et même acteurs du monde interlope doivent trouver des astuces pour s’en sortir.
L’auteur décrit une dame aussi charmante que redoutable qui n’a peur qui ni des petits flics qui l’emmerde au moindre quart de tour ni des crapules de la mafia, blanche.
Pour Queenie, dit la Frenchy, la plus grande menace est Dutch Schultz, dit le Hollandais, «un mafieux sans scrupule, [qui] compte bien faire main basse sur le royaume de cette femme noire charismatique ayant débarquée à New York il y a maintenant presque vingt ans.
Cette native de Fort-de-France en Martinique manie aussi déjà bien à l’époque l’art de la communication puisqu’elle se sert d’une tribune dans un des journaux populaires auprès des Noirs de l’époque pour défendre son lucratif business, à savoir la loterie clandestine. Elle dénonce aussi la corruption qui gangrène la société de l’époque, en particulier la police new-yorkaise.
Mikaël est patient et y va avec précaution dans son récit qu’on pourrait décrire comme une fiction documentaire. Outre Queenie, il y a sa grande amie Tillie, le journaliste Bob, mais aussi l’homme de main et amant de la Franchie, Ellsworth Johnson. Avec ses coups de crayon, il rend compte avec justesse d’une époque dure en prenant bien soin d’y saupoudrer des couleurs magnifiques qui font que le lecteur ne s’ennuie jamais.
Pas étonnant d’ailleurs que l’auteur des séries Bootblack ou Giants ait a reçu en 2010 la mention spéciale du jury jeunesse du Prix d’Ouessant en France pour Félice et le Flamboyant Bleu (éd. PLB). À deux reprises (2015 et 2016), il a aussi été lauréat du Grand prix de la ville de Québec au Canada, pour Promise, tome 2 : L’Homme-Souffrance et Promise, tome 3 : Incubus (éd. Glénat).