Publiée chez Dargaud, la bande dessinée T’Zée: une tragédie africaine revient la confiscation du pouvoir en Afrique par des militaires imbus de leur personne qui finissent par se déconnecter de leur société avant d’être déboulonné de leur piedestal.
Dans un pays d’Afrique centrale qui ressemble à s’y méprendre à l’ex-Zaïre, un dictateur ténébreux n’a eu de cesse de tout détruire sur sa route, opposants, journalistes, députés, leaders syndicaux, etc.
Il a toutefois vieilli au pouvoir sans jamais se rendre compte que la peur qu’il incarnait a fait place à la révolte et à un besoin ardent de changement.
Comme souvent, ce vieux dictateur nommé T’Zée s’est remarié avec une femme plus jeune, ici Bobbi, et couvre toute sa famille et son entourage de toutes les merveilles du monde. Il a un jeune fils un peu idéaliste, Hippolyte, qui a connu l’université et la société française.
Sauf que la fin approche et tous le clan présidentiel vit dans le déni de la guerre civile qui fait rage ailleurs dans le pays. Il faudra que la radio française aussi aimée que détestée sur le continent, RFI, annonce la mort du patriarche pour que sa garde rapprochée pense enfin à l’après-pouvoir.
Cette tragédie africaine est superbement racontée par le nouvelliste et scénariste français Appollo, de son vrai nom Olivier Appollodorus, tandis que les dessins de son compère Bruno (Biotope, AtarGull, Le Petit Livre Black music) permettent de s’évader pendant 160 pages dans l’atmosphère de ce pays de la forêt équatoriale. En l’occurrence, ce dernier a superbement croqué le personnage du dictateur-président qui semble aussi imposant que mythique.
Il faut souligner qu’Appollo a vécu pendant plusieurs années dans l’actuelle République démocratique du Congo. Ce n’est donc pas par hasard qu’il aborde certaines des mœurs.
À ce propos, il faut aussi saluer l’idée de mettre bien évidence toute l’aspect sorcellerie qui fait partie de l’imaginaire de ces dictateurs qui ont tendance souvent à se soumettre à tout ce qui est fétichisme et esprits.
On l’a évoqué d’entrée, mais il est important de savoir que la BD s’inspire donc de l’histoire du maréchal Mobutu, qui a dirigé de main de maître le Zaïre redevenu Congo après sa chute. « Attention ! Toute ressemblance entre le pays de T’Zée et le Zaïre de Mobutu est délibérée et totalement assumée », tiennent d’ailleurs à préciser les auteurs !
