Pour son dernier album, le génie américain André 3000 qu’on a vu avec OutKast s’est complètement lâché en proposant un opus instrumental, New Blue Sun, sans chanson de rap, mais avec beaucoup de flûtes. C’est avec ce même culot qu’il s’est présenté dans la majestueuse salle Wilfrid-Pelletier, accompagné d’artistes, de batteries, de claviers, de guitares et tant d’autres instruments singuliers.
Ça faisait longtemps que l’auteur de ces lignes n’avait pas assisté à pareil spectacle. Il fallait tenir pendant les 90 minutes du show pour assister à l’une des finales les plus électrisantes sans doute de la Place des arts.
Avec les jeux de lumière et sa musique psychédélique, Andre Benjamin et/ou 3000 a mis le feu à la fin d’un spectacle qui a confondu bien des sceptiques tout en frustrant autant de curieux mal avisés.
C’est avec une assurance déconcertante que le fondateur du groupe de hip-hop OutKast, s’est présenté sur la scène vers 19h50 armé d’une batterie de flutes pour tenter d’évangéliser la foule. il avait d’ailleurs prévu de le faire dans une langue que lui seul avait les clefs.
Bon, il l’a avoué sans détour que ce n’était qu’un vieux rêve d’enfant que de comprendre plus qu’une langue. Et à défaut d’en inventer une, il en a créé une pour se moquer ensuite du public incrédule. Dans la bienveillance, surtout. Comme un curé moderne.
L’art de l’impro, c’est aussi le pari que prend ce virtuose, mais il ne faut pas s’y méprendre quand il se confie à la foule après quinze premières minutes de préliminaires intenses qui ne disent pas leur nom. On apprend alors que son groupe et lui ne sont que des passeurs d’un message qui vient de bien loin. Sans doute du ciel.
Nous sur terre et en face de lui, on avait pas le choix que de lui faire confiance. Il a même failli nous avoir.
À côté de votre humble serviteur, les places se libéraient, mais le voisin de gauche devenu celui de droite tenait le coup et persévérait. Il n’avait pas de badge de journaliste, mais son enregistreur Zoom trahissait son appartenance à une autre secte, celle du monde des médias.
Le gourou du jour, lui, sur scène, était en feu, comme sa finale, aussi tribale qu’instrumentale, maitrisée dans l’improvisation. Si on fermait les yeux, on se serait cru dans une jungle aussi dense que généreuse ou dans une grande fête hippique dans un pays visité par Anibal. En ouvrant les yeux, on voyait pourtant le chanteur dans sa salopette.
La sortir d’André 3000 a été aussi épique que son entrée. À la fin de son set, les lumières se sont allumé laissant ceux sans munitions les fanatiques (et sceptiques) qui espéraient à tort (ou raison) un rappel.
Le serment délivré ce soir-là ne continuait pas, au plus grand désarroi de sa plus grande admiratrice qui avait passé la dernière partie en trans debout, les mains vers le ciel…
Photos fournies par le Festival de jazz. Crédit: Victor Diaz L.