Le dernier repas, puissant film de la cinéaste Maryse Legagneur

Présenté en première au Festival international du Film Black de Montréal, le long métrage Le dernier repas de la cinéaste Maryse Legagneur revient sur une des périodes sombres de l’histoire d’Haïti (à l’époque de la dictature de Baby Doc) par le prisme d’un récit poignant entre un père mourant et sa fille.

Mettant en vedette Gilbert Laumord (le père pénitent), l’excellente Marie-Évelyne Lessard (Vanessa, la fille), Fabrice Yvanoff Sénat (le père dans sa jeunesse) et la touchante Mireille Metellus (en matante protectrice) dans les rôles principaux, ce film touchant alterne entre scènes difficiles d’une des prisons les plus dures d’Haïti à l’époque (Fort Dimanche) et moment touchant d’une fille voulant honorer, à sa manière, les derniers moments (et volonté) de son père.

Et ce, même si ce dernier n’a pas toujours été à la hauteur des responsabilités qui lui incombait. Ce père, Célestin, n’a pas vu sa fille Vanessa depuis 20 ans. Alors qu’il est presqu’au terme d’un cancer de l’estomac qui le ronge au plus profond, c’est pourtant un autre ressenti qui l’habite : le remords d’avoir été ce père si absent ou cruel.

Le dernier repas propose néanmoins de revisiter quelques-uns des plats emblématiques de la Perle des Antilles tout en revisitant l’une des périodes les plus sombres de l’île. C’est l’époque du président Jean-Claude Duvalier, aka « Baby Doc » ou « Bébé Doc », qui a imposé sa brutalité dans le pays de 1971 à 1986 avec les tristement populaires Tonton Macoute.

Pendant les flash-back du père, on découvre un jeune Célestin (joué par Fabrice Yvanoff Sénat) rêveur, amoureux, un brin UN peu téméraire, ce qui l’amène d’ailleurs dans une prison à la fois physique et intérieure.

Pour se plonger dans ce passé difficile, cet homme doit compter sur les petits plats préparés par sa fille, aidée par sa tante et cordon bleu (Mireille Metelus).

Au fur et à mesure que Vanessa découvre l’histoire terrible de son père (et sa mère), elle comprend mieux les absences/violences de ce papa, prisonnier de l’histoire, comme tant d’autres Haïtiens qui ont vécu cette période triste.

Pour le reste, la cinéaste rappelle que même dans un monde qui s’écroule, la musique a toujours su garder l’être humain dans une joie relative.

La scène des jeunes dégustant la musique avant l’arrivée brutale des molosses est en ce point illustratrice de cette idée. Tout comme le fait que le père meurtri par son vécu a besoin des effluves de bonnes odeurs provenant de la casserole de sa fille pour se replonger dans les souvenirs d’une période de sa vie où il était finalement plus vivant que mort.

L’œuvre de Maryse Legagneur touchera sans aucun doute le spectateur, qu’il soit un connaisseur de cette période ou un curieux qui veut toutefois en savoir plus. Le ton n’est pas forcément totalement dramatique.

Au contraire, les scènes de cuisine donnent même envie de découvrir cette cuisine de la Perle des Antilles (On aurait pris une livre de recettes du Dernier repas).

Bref, pas étonnant que ce premier long métrage de Maryse Legagneur lui est valu le Grand prix du Festival de cinéma de la ville de Québec présenté par Québecor ainsi que le Grand Prix du Festival international du Film Black de Montréal.

Produit par François Bonneau et Bernadette pour l’ACPAV avec la participation financière de Téléfilm Canada, de la SODEC, des programmes de crédit d’impôt provincial et fédéral, du Fonds Harold-Greenberg et la collaboration de Radio Canada, ce film est distribué par Maison 4:3 et joue en salle depuis le 27 septembre.

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